
C'est ainsi que s'est ouverte une ère de démontages structuralistes et d'interprétations pluridisciplinaires dont la répétition mécanique par des disciples maladroits a été une trahison de la démarche de Claude Lévi-Strauss : « Ce que j'aime, ce sont les phénomènes trop négligeables pour exciter les passions humaines, mais qui peuvent quelquefois faire l'objet d'une connaissance rigoureuse. » Rien de moins nihiliste que cette science du divers et de la finitude que ce jeune professeur a eu l'occasion de mettre en œuvre lors de voyages ethnographiques auprès des tribus indiennes du Mato Grosso puis de l'Amazonie entre 1935 et 1939.
Mythes, mœurs, arts, langages, règles de parenté, religion, institutions : tout était fascinant chez les Indiens Caduveos, Bororos, Nambikwaras et Tupi-Kawahibs auprès desquels il apprit à comprendre en profondeur la « pensée sauvage » en envisageant sa structure interne. « Avec l'Amérique indienne, je chéris le reflet, fugitif même là-bas, d'une ère où l'espèce était à la mesure de son univers et où persistait un rapport adéquat entre l'exercice de la liberté et ses signes. » Mobilisé au début de l'année 1939, Claude Lévi-Strauss a retrouvé la France, étreint par mille saudades do Brasil, un pays qu'il ne revit qu'en 1985, à l'occasion d'un voyage officiel de François Mitterrand.
Au lendemain de l'armistice, il n'a pas retrouvé de place dans l'enseignement, frappé par les premières législations antisémites de Vichy. Devenu un « gibier de camp de concentration », il a eu la chance de pouvoir gagner New York, où il a vécu entre 1941 et 1944, au milieu d'autres intellectuels et d'artistes exilés tels que Jacques Maritain et André Breton. Ainsi s'est ouverte l'autre période fondatrice de sa vie, à la New School for Social Research et à l'École libre des hautes études.
Pour lire le reportage complète regardez: http://www.lefigaro.fr/livres/2008/05/15/03005-20080515ARTFIG00469-un-autre-regard-sur-claude-levi-strauss.php
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